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La Légende du Père Buteux.

Et du Trou du diable de Shawinigan.

« À la découverte de la Nouvelle-France, l’on pensait avoir trouvé un continent vierge, un paradis terrestre, un endroit où le Malin n’avait pas encore œuvré. Rapidement, l’on fit la rencontre d’indigènes qui, depuis fort longtemps, arpentaient le territoire. Et l’on réalisa aussi vite qu’ils n’adoraient pas les mêmes figures que celles représentées dans notre sainte Église. Tout de suite, on pensa à ce cher personnage rouge, à la queue fourchue, cornes au front, et à la possibilité qu’il s’installa ici pour y régner en maître. Dès lors, des hordes de Robes Noires foulèrent le sol de la Nouvelle-France, décidées et acharnées, munies d’une imagination et d’une persévérance sans bornes, agissant en un seul et unique but : remettre les enfants de cette terre sur le chemin de Dieu.

Le pauvre Diable, de son côté, qui n’avait su, jusqu’à ce jour, que faire sur ce continent ignorant le bien et de mal, ne s’était attardé de ces mauvaises farces et avait plutôt laissé ces braves gens tranquilles.

Ici, il avait plutôt cherché refuge, profitant de cet endroit où il pouvait prendre des vacances, se disant que l’être le plus pourchassé de ce monde méritait un endroit si idéal. Et c’est ainsi que le Diable avait trouvé demeure dans une caverne sans fond, au pied d’une chute, abrité qu’il fut dès lors par un immense et éternel remous. En cet endroit, il avait trouvé tant la tranquillité, la détente, que l’occasion de s’enivrer et de festoyer sans être dérangé.

Parfois même, il se permettait le loisir de tourmenter quelques pauvres âmes égarées qui avaient eu la malchance de tomber dans la chute. Le seul inconvénient à cet enfer paradisiaque était pour lui l’approvisionnement en bonne chair et en boisson. Lui qui aimait tant la bonne cervoise devait, chaque fois qu’il allait taquiner les Européens, se ramener quelques chopines. Mais le Diable est rusé et parfois chanceux. C’est ainsi qu’il avait vite pris connaissance de la présence des Robes Noires en son Eden privé.

Le Père Buteux
Comble de chance, en l’an de grâce 1634, le Père Jacques Buteux, de la compagnie des Jésuites, accoste à Québec en tant que premier évangéliste missionnaire et est envoyé à Trois-Rivières. Jacques Buteux voyage beaucoup et apprend à connaître les diverses tribus amérindiennes ainsi que leurs mœurs et coutumes. Malgré une allure frêle et délicate, il est animé d’une foi en Dieu et d’un désir de la partager qui le pousse bientôt plus loin dans les terres, au moment même où le Diable eut cette réflexion : « Subir une fois de plus l’assaut de mes persécuteurs en mon refuge, autant même en tirer profit ».

Le 4 avril 1652, Jacques Buteux part pour la Mattawin. C’est à son retour vers Trois-Rivières, le 10 mai suivant, qu’il remonte la St-Maurice, accompagné de Montagnais afin de se rendre à un endroit que les autochtones appelaient Achawenekane, Ochawenegane ou encore Assawenegane, C’est à ce même endroit qu’ils furent tous pris en chasse par une bande d’Iroquois, puis interceptés. Les Montagnais furent tués sur le champ. Quant au pauvre Buteux, qui avait été atteint au bras droit et à la poitrine, il fut torturé et massacré, les tomahawks avec lesquels on le frappa complétant le sacrifice. Les Iroquois traînèrent sa dépouille en un endroit qu’ils considéraient damné, qu’ils savaient aussi habité par de mauvais esprits. Cet endroit, ils le nommaient « le trou des mauvais manitous ». Plus tard, l’endroit prit le nom de « trou du diable ». On raconte qu’il avait la caractéristique d’emprisonner à jamais ce qui y tombait. Les Iroquois y jetèrent la dépouille du Père Buteux. Le Diable y accueillit la pauvre âme avec un sourire, enchanté de ce qui venait de se produire et tout autant satisfait…

Ce que l’histoire ne dit pas, c’est que notre bon Père Buteux, avant son arrivée en Amérique, avait séjourné un bon moment chez les Pères Trappistes, brasseurs depuis toujours de délicieuses cervoises et ayant un point en commun avec lui : l’amour de l’ivresse. Ainsi, le bon Père l’y avait appris les secrets de la brasserie, et maintenant pour toujours, il tournerait dans les remous… Mais, nous vous l’avons dit, le Diable est rusé. Ce dernier n’eut point besoin de tourmenter longtemps le bon Père que celui-ci lui livra ses secrets. En fait, ils devinrent même bons copains et, en son honneur, le Diable brassa sa première bière : La Buteuse.

Depuis ce jour, touristes et natifs viennent chaque printemps, dans un défoulement sans commune mesure de la rivière, admirer cet endroit de puissance où se terre toujours le Diable, se consolant de savoir qu’à quelques lieux, ils vont déguster les bonnes recettes que lui livra son bon ami le Père Buteux.

Certains autres se plaisent à raconter que certains soirs, le Malin viendrait contempler, sous divers travestissements et artifices, les gens qui fréquentent la brasserie qui concocte désormais ses recettes, s’aventurant même parfois, au risque d’être découvert et pour son malin plaisir, à converser librement avec les autres clients…

À votre santé, nous soulevons notre verre et vous souhaitons la plus cordiale des bienvenues au Trou du diable.»

– André Trudel, cofondateur du Trou du diable, 2005